Neige et déplacement
L’hiver québécois est long et rigoureux. Lorsque les premiers Français se sont établis sur les rives du Saint-Laurent, l’adaptation à l’hiver représentait un défi de taille et les premiers peuples y ont grandement contribué. Champlain et Radisson évoquent ces cadres de bois tissés « de cordes de boyau » dans leurs écrits.
Les raquettes étaient faites de babiche (lanière de cuir) nouée et tressée sur un arceau de bois et permettaient de répartir le poids du marcheur afin de ne pas caler. Il en existait plusieurs modèles de formes et grandeurs différentes, selon les conditions de neige et les qualités recherchées (portance, maniabilité, déplacements rapides, etc.). Tout comme les autochtones, les « Canadiens-français » étaient reconnus pour leur habileté et leur endurance à se déplacer en raquettes. Les troupes de
miliciens canadiens et autochtones que dirigeaient les frères Le Moyne ont franchi des milliers de kilomètres en raquettes pour frapper villages et postes britanniques de la Nouvelle-Angleterre à Terre-Neuve en passant par la Baie d’Hudson dans les années 1690.
Au XIXe siècle, la raquette est devenue très populaire comme loisir. Le premier club de raquetteur nord-américain, le Montreal Snowshoe Club, fondé en 1843, fut rapidement suivi par plusieurs autres. Chacun avait son point de ralliement – chalet, auberge ou salle de réunion – où socialisaient les raquetteurs autour d’un bon repas ou d’une partie de cartes après l’effort. Les raquetteurs canadiens-français étaient regroupés au sein de l’Union canadienne des raquetteurs et de l’Union des raquetteurs du district de Québec et comptaient plusieurs groupes de Franco-américains.
« En 1930, en pleine crise économique, les distillateurs Samuel et Allan Bronfman offrent 2500 $ aux gagnants d’une course de raquette disputée entre Québec et Montréal. L’équivalent de 38 000 $ aujourd’hui. »[1]
Des évènements d’envergure les rassemblaient par milliers, jusqu’au dernier congrès de raquetteurs tenu en 1962, à Québec. Après une période de déclin, cette activité connaît un regain de popularité grâce aux perfectionnements qui rendent les raquettes plus légères, plus résistantes et mieux adaptées aux montées et descentes abruptes.
Sources :
Catherine Ferland et Martin Fournier, Encyclopédie du Patrimoine Culturel de l’Amérique Française
[1] Jean François Nadeau, Une brève histoire de la raquette, Le Devoir, 24 décembre 2018